Quinze États d’Asie et du Pacifique s’unissent pour défendre leurs intérêts commerciaux sur la scène internationale. Le Partenariat régional économique global (RCEP) est une nouvelle organisation régionale qui de par son poids économique s’annonce considérable.
Valéry Giscard d’Estaing, en 2013, annonçait déjà qu’une organisation régionale devait se réinventer pour survivre dans temps. L’ancien président de la République française (1974-1981) évoquait alors le sort de l’Union européenne. Mais dans les faits, cette adaptabilité aux nouvelles circonstances du moment avec des puissances qui tendent à toujours plus de supériorité, se répercutent aussi ailleurs dans le monde.
C’est en tout cas de cette manière que quinze pays d’Asie et du Pacifique ont interprété les choses. Et pour cause, les membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean) – Birmanie, Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande, Vietnam -, ainsi que la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande s’associent autour d’un accord commercial. Signé le 15 novembre 2020, le Partenariat régional économique global (RCEP) prévoit la création d’un empire qui défie toute concurrence.
Une zone de 2 milliards d’habitants
Ce premier chiffre de deux milliards d’habitants suffit à comprendre l’ampleur de l’espace dans lequel ce marché intérieur va évoluer. La Chine compte à elle seule 1,4 milliard d’âmes. Et c’est par ce tour de force que le RCEP se fera respecter sur la scène internationale. En effet, la réunion de la Chine, du Japon et de la Corée du Sud est une première. Longtemps, ces États se sont considérés comme des ennemis commerciaux, mais cette alliance vise à une accélération de leur développement.
Un risque est toutefois présent : la domination d’un pays sur les autres. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’Inde n’a pas souhaité – pour l’instant – intégrer cette organisation, alors qu’elle était présente dans les discussions jusqu’à l’année dernière. Cette dernière craignait de voir fleurir trop de produits d’origine chinoise sur ses étales.
Un point sur lequel les différents pays ne semblent pas tiquer, c’est l’association entre la dictature chinoise et les républiques, légitimant ainsi un peu plus le pouvoir de l’empire du Milieu.
Le RCEP concentre 30 % du PIB mondial
De part ses alliances, le Partenariat régional économique global devient la première organisation régionale au monde. Le RCEP représente un tiers du Produit intérieur brut (PIB) mondial. C’est à dire que la somme des PIB des quinze pays concernés est équivalente à 30 %. Il s’agit donc d’une superpuissance en proie à concurrencer les géants mondiaux.
Mais ce n’est pas la première fois qu’une telle idée émerge. En 2016 déjà, les États-Unis pensaient à faire collaborer onze pays d’Asie et d’Amérique par un traité de libre-échange transpacifique (TPP). Or, l’arrivée de Donald Trump au pouvoir y a mis fin. Ce dernier affirmait vouloir « que la production et l’innovation reviennent en Amérique, qu’il s’agisse de la métallurgie, des voitures ou de la pharmacie ». Le traité n’a donc jamais été ratifié.
Un accord après 8 ans de tractation
C’est sans doute une revanche à l’égard des États-Unis qui sont exclus de ce nouvel accord. Au terme de huit années d’échanges, le RCEP a vu le jour. « Je suis heureux qu’après huit années de négociations complexes, nous puissions terminer officiellement aujourd’hui [le 15 novembre dernier, NDLR] les négociations du RCEP », a déclaré le Premier ministre vietnamien, Nguyen Xuan Phuc.
a pour sa part estimé le Premier ministre chinois, Li Keqiang. En effet, le contexte économique en raison de l’épidémie de la Covid-19 a fortement enrayé le commerce international. Par ce biais, les quinze États espèrent bien rebondir rapidement et sortir de la crise.