Pour la deuxième fois depuis le début du mandat, les démocrates ont lancé une procédure d’impeachment contre Donald Trump, pour « incitation à l’insurrection ». Le vote a lieu une semaine après l’invasion du Capitole par les soutiens du Président Trump, et cinq jours après la suspension permanente de son compte Twitter, son arme favorite.
Interrogée pour l’émission 60 Minutes diffusées sur CBS, la Présidente de la Chambre des représentants Nancy Polesi n’a pas eu de mots tendres pour qualifier le Président des États-Unis. « Malheureusement, la personne qui dirige le pouvoir exécutif est un président des États-Unis fou, déséquilibré et dangereux » a-t-elle déclaré, cinq jours avant le vote de l’article d’accusation contre Donald Trump à la Chambre des représentants. Ces mots forts symbolisent la tension pesant sur la politique américaine en cette fin de mandat.
Refusant de s’avouer vaincu depuis l’élection de Joe Biden, validée par les grands électeurs le 14 décembre, Donald Trump n’a cessé de dénoncer une fraude électorale massif. Si le Président américain semblait finalement accepter sa défaite dans un tweet du 15 novembre (« Il a gagné parce que l’élection était truquée »), les récents événements nous prouve le contraire. Dans un discours populiste tenu à Washington le 6 janvier, il avait incité ses supporters à se révolter, provoquant l’attaque du Capitole devant les caméras du monde entier. Cette attaque frontale à la démocratie, condamnée par les Démocrates, rejoins par quelques Républicains, est le départ de cette nouvelle procédure d’impeachment.
Un Président isolé
Malgré une discours prononcé juste après les événements, dans lequel il appelle au calme, Donald Trump a vu une partie de ses soutiens lui tourner le dos. Toujours soutenu par le mouvement complotiste QAnon, mais lâché par une partie des Républicains, le Président Républicain risque de finir son mandat politiquement seul, alors que son Vice-Président Mike Pence s’éloigne peu à peu. Si des tensions entre les deux hommes s’étaient déjà sentie après que Mike Pence ait validé la victoire de Joe Biden en tant que Président du Sénat, elles se sont confirmées depuis les événements du Capitole. Bien que les hommes ne se parlent que très peu depuis, le Vice-Président a tout de même refusé d’utiliser le 25e amendements de la Constitution demandé par les Démocrates, grâce auquel Donald Trump aurait été destitué immédiatement.
La procédure d’impeachment enclenchée, certains sénateurs Républicains ont fait savoir qu’ils voteraient en faveur lors du vote au Sénat, allant à l’encontre des consignes qu’ils ont reçu du parti Républicain. D’autres ont appelé à la démission comme la sénatrice républicaine de l’Alaska Lisa Murkowski.
Privé de son jouet
Privé d’une partie de ses soutiens, Donald Trump s’est vu « confisqué » son moyen de communication favori, Twitter. Au centre de sa campagne contre les médias traditionnels, qu’il accuse de diffuser de fausses informations (fake news), Twitter a suspendu son compte deux jours après l’attaque du Capitole. Alors Facebook, Instagram et Youtube ont suspendu les comptes du Président pour une durée limitée, Twitter a décidé de suspendre de manière permanente son compte « afin de limiter les risques d’incitations à la violence« . La tentative de Trump d’utiliser son compte présidentiel, encore en état de marche, a été vain, puisque Twitter a supprimé les tweets publiés.
Ce n’est pas la première fois que Twitter se mobilise contre les tweets de Donald Trump. Après la mort de George Floyd et les manifestations Black Lives Matter, plusieurs tweets avaient été déjà été signalés comme allant à l’encontre des « règles de Twitter relatives à la glorification de la violence ». Depuis, le réseau social annotait régulièrement des messages publiées par le milliardaire d’une pastille, signalant aux utilisateurs une potentielle fausse information.
Les dernières mesures trumpistes
Avant de quitter la Maison Blanche, Donald Trump profite des derniers jours de son mandat pour compliquer les débuts de Joe Biden. Lundi, il a inscrit Cuba dans la liste des « Etats soutenant le terrorisme », alors que Barack Obama l’en avait enlevé pour initié un rapprochement entre les deux pays. Depuis décembre, il a également entamé une succession de grâce présidentielle. Ainsi, son ancien directeur de campagne Paul Manafort, condamné à sept ans de prison pour des crimes financiers et ciblé par l’enquête sur les liens entre la Russie et la campagne de Trump de 2016, ou encore Charles Kushner, père de Jared Kushner, gendre de Donald Trump, accusé d’évasions fiscales, ont vu leur peine annulée.
Si la procédure de destitution visant Donald Trump n’a que peu de chance d’aboutir (2/3 des votes du Sénat sont requises, alors que les Républicains y sont majoritaires), plusieurs observateurs craignent qu’elle ne fragilise l’unité nationale, compliquant les premiers jours de mandat de Joe Biden. Le futur Président lui même n’a pas eu l’air en faveur d’une destitution de Donald Trump, jugeant que « la façon la plus rapide » de le voir quitter la Maison Blanche, serait de le laisser terminer son mandat. L’actuel Président américain a déjà annoncé qu’il ne sera pas présent à l’investiture de Joe Biden, le 20 janvier 2021.