Tous les dimanches, Slow danse l’actualité en quatre temps
La pleine lune sur Ashkelon – Par Amir Cohen
Une grande masse rouge-orangé flotte dans le ciel, derrière les grands immeubles de la station balnéaire d’Ashkelon, au nord de la bande de Gaza en Israël. C’est l’image qu’à immortalisé Amir Cohen entre le 1 et le 2 décembre, un soir de pleine lune.
Ce cliché apaisant contraste terriblement avec ceux que le photographe de Reuters avait pris dans la même ville en mai 2019 : un ciel noir, illuminé par la ville, rayé de plusieurs fines lignes courbées. Au printemps 2019, des échanges de tirs de missiles ont été fait entre Israël et la bande de Gaza, malgré un accord de cessez-le-feu signé quelques semaines auparavant. En novembre 2019, des frappes similaires avaient provoqué la mort de 26 palestiniens en deux jours.
« On n’est pas la Hongrie ou la Turquie […] Je ne peux pas laisser dire qu’on réduit les libertés dans notre pays » – Emmanuel Macron, le 4 décembre
Lors d’une interview de plus de deux heures en direct sur les réseaux sociaux de Brut, le président Emmanuel Macron s’est longuement exprimé sur la loi « Sécurité Globale » dont l’article 24 fait polémique depuis plusieurs semaines. Le Président français s’est vivement défendu d’installer une politique autoritaire, comme a pu l’avancer une partie de l’opposition : « C’est un grand mensonge » a-t-il déclaré, refusant la comparaison ensuite la situation de la France à celle de la Hongrie et de la Turquie, tous deux gouvernées par une régime autoritaire.
Si la Hongrie voit la notion de démocratie disparaitre peu à peu du pays depuis 2010 et l’arrivée de son actuel Premier Ministre Viktor Orban, la Turquie est dirigée d’une main de fer par le Président Recep Tayyip Erdogan depuis 2014, après avoir été Premier Ministre 11 ans. Depuis le début du mandat d’Emmanuel Macron, ses relations avec le Président Turc sont houleuses, voir conflictuelles. Vendredi, ce dernier a estimé que « Macron est un problème pour la France« , quelques semaines après avoir mis en doute la « santé mentale » du Président Français.
Dans le Nord-Est de la Syrie, la mort lente des prisonniers djihadistes – Par Allan Kaval
Le journaliste du « Monde » Allan Kaval a reçu le prix Albert-Londres 2020 dans la catégorie presse écrite pour une série de reportages en Syrie. En octobre 2019, le journaliste français publiait un reportage sur les prisons kurdes de Syrie dans lesquelles sont entassés des soldats de l’armée islamiste. Tout du long, Allan Kaval nous immerge dans ce lieu, véritable enfer sur terre, où les vivants côtoient la mort et la maladie. Jeunes hommes, enfants ou vieillards, tous sont squelettiques, blessés ou les deux. Deux autres reportages, l’un sur les frappes turques contre les kurdes et l’autre sur les déplacés kurdes qui fuient la guerre, viennent compléter le travail du reporter du « Monde »
Ce n’est pas le premier prix que reçoit Allan Kaval pour son travail, puisque le prix Bayeux des correspondants de guerre lui été remis en octobre, quelques jours après qu’il ait été grièvement blessé lors d’un bombardement dans le Haut-Karabagh. Encore hospitalisé, le journaliste français s’est dit « fou de joie » après avoir reçu ce prix à distance, puis a tenu à remercier toute son équipe dont la photographe Laurence Geai.
Lire les reportages d’Allan Kaval :
Valéry Giscard d’Estaing, ancien Président de la République
L’ancien Président de la République Valéry Giscard d’Estaing est décédé le 2 décembre à 94 ans, des suites de la Covid-19. Régulièrement qualifié de « président moderne », il a mené des réformes importantes comme la légalisation de l’avortement avec la loi Veil en 1975 ou encore l’autorisation du divorce par « consentement mutuel ».
Passé par Polytechnique puis l’ENA, il met le premier pied dans la politique en tant que Directeur adjoint d’Edgar Faure, alors Président du Conseil. Après un mandat de député, il est nommé ministre des finances sous Charles de Gaulle, entre 1962 et 1966. Il retrouve ce poste quelques années plus tard sous Georges Pompidou, juste avant de se lancer dans la course à la présidentielle.
Elu en 1974 à 50,81% au deuxième tour, il devient le plus jeune président de la République, à 48 ans, record détrôné en 2017 par Emmanuelle Macron. Tout au long du septennat, il développe une image moderne et s’inspire fortement de John Fitzgerald Kennedy, président américain de 1961 à 1963. Face aux médias, il cherche à garantir leur indépendance et leur statut de contre-pouvoir en démantelant l’Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF) et en s’engageant à ne pas poursuivre les journaux s’en prenant à lui. Les lois sur l’avortement, l’ouverture du divorce au consentement mutuel ou encore la réforme du Conseil Constitutionnel deviennent les réformes phares de son mandat.
Après son septennat et une retraite de quelques mois, il reprend des fonctions politiques, d’abord en tant que député français, puis en tant que député européen ou encore Président de Région. Au début du 21e siècle, il siège au Conseil Constitutionnel, en tant qu’ancien Président, alors qu’il vient d’être nommé à l’Académie Française.
Le nom de Valéry Giscard d’Estaing est également associé à l’affaire des diamants de Bokassa, révélé par Le Canard Enchainé en 1979. En 1973, alors ministre des finances, il reçoit une planquette de diamants de la part de Jean Bedel Bokassa, Président à vie de Centrafrique. Entre temps couronné empereur, au cour d’une cérémonie inspirés de Napoléon Ier, Bokassa est accusé en 1979 d’être responsables d’exactions contre des lycéens, provoquant l’indignation des pays africains et de Valéry Giscard d’Estaing. L’affaire des diamants est révélé alors que Bokassa est renversé avec l’aide de l’armée française. Ce scandale coutera à VGE la présidentielle de 1981, remportée par François Mitterrand.