(Photo Reuters)

Covid-19 : la « prime Covid » refusée aux intérimaires, la pilule ne passe toujours pas…

La récompense financière attribuée aux personnels soignants suite à la crise du Covid-19 fait encore grincer les intérimaires qui ne l'ont pas reçue. Rencontre avec une intérimaire préparatrice en pharmacie.

La récompense financière attribuée aux personnels soignants suite à la crise du Covid-19 fait encore grincer les intérimaires qui ne l’ont pas reçue. Rencontre avec une intérimaire préparatrice en pharmacie.

Quand on interroge Andrea Lusignano sur la fonction d’un intérimaire, le premier mot qui lui vient à l’esprit est « bouche-trou ». Avant de se reprendre : « Nous sommes des soutiens supplémentaires en cas d’absence de personnel. On doit vite s’adapter aux méthodes des hôpitaux et quand un hôpital fait appel à nous, c’est vraiment important », explique cette intérimaire en pharmacie, qui revient pour The Slow Media sur cette période difficile.

Cette disponibilité demandée par les hôpitaux, n’est toutefois pas reconnue de manière officielle par l’État. Et pour cause, une prime, dite « prime Covid » – pouvant aller jusqu’à 1 500 € – était attribuée au personnel soignant ayant « exercé leurs fonctions de manière effective » dans les établissements publics « entre le 1er mars et le 30 avril 2020 », précise le décret.

Touchée par la Covid-19 au début du confinement

Or, les intérimaires ne sont, à l’époque, pas concernés par cette prime. Aujourd’hui encore, malgré les protestations, le gouvernement ne concède toujours pas la prime aux intérimaires. Pourtant, Andrea Lusignano estime être légitime à toucher cette aide exceptionnelle au regard du travail effectué ces derniers mois. « Les préparateurs en pharmacie ne sont pas au contact direct des malades, mais l’intensité et la charge de travail étaient considérables. On a pris des risques comme tout le monde. La pharmacie c’est le fond du travail », juge-t-elle.

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Et les risques, cette jeune femme en a pris. Alors interne dans l’hôpital de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) au début de l’épidémie de coronavirus, elle attrape la Covid-19 dès la première semaine de confinement. Conséquence : trois semaines d’arrêt. Bien que n’étant pas destinée à devenir préparatrice en pharmacie, Andrea Lusignano décide de reprendre son poste à la fin de sa maladie. Direction cette fois la clinique de Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise). « Je venais tout juste de sortir du Covid, je me sentais un peu fatiguée, mais mieux, avoue-t-elle. Et on avait besoin de mon aide. »

Des postes d’hôpital en hôpital

Jusqu’à la fin de la crise, elle enchaînera les vacations dans les hôpitaux. Elle passera notamment à Nanterre (Hauts-de-Seine), à l’hôpital Bichat à Paris et à Villejuif (Val-de-Marne). Le tout pour un salaire de 15 € net de l’heure, soit 110 € par journée travaillée.

Mais son implication n’a pas été récompensée. « Quand j’ai entendu parler de cette prime, je pensais vraiment l’avoir car on a tous fait le même travail », souligne Andrea Lusignano. Alors, elle décide de se renseigner auprès de son entreprise d’intérim. « Elle disait ne pas avoir de nouvelles. Je ne sais pas si c’était vrai, ou alors si elle voulait juste être tranquille pour ne pas avoir la menace d’une manifestation en pleine Covid », ajoute-elle.

« On a reçu un mail qui indiquait que la prime était donnée en fonction des établissements… »

Andrea Lusignano, intérimaire

Puis, c’est au mois de juin que l’information est tombée. « On a reçu un mail qui indiquait que la prime était donnée en fonction des établissements… », révèle l’intérimaire. Depuis, plus de nouvelles. « Je ne trouve pas juste cette distinction entre les personnels. C’est deux mois de travail acharné ! Et c’est dans un hôpital que j’ai attrapé la Covid », avance-t-elle, amer.

Face à la reprise de l’épidémie, Andrea Lusignano ne reprendra pas du service. Depuis la rentrée, elle a repris ses études et prépare un BTS en bioanalyses, pour ensuite exercer dans l’industrie pharmaceutique. Mais elle l’assure : « Si vraiment on a besoin, je pourrais me libérer le week-end », conclut-elle.