Le photojournaliste Bruno Barbey, ancien dirigeant de l’agence de photos Magnum, est décédé ce lundi à 79 ans. Au fil de sa carrière, il a immortalisé les grands événements du monde avec délicatesse.
« La photographie est le seul langage qui puisse être compris partout dans le monde ». Bruno Barbey croit profondément en ce principe. Dès 1961, à sa sortie de l’Ecole des Arts et Métiers de Vevey en Suisse, il s’envole pour l’Italie et fait de sa population le centre de son premier reportage. Pendant trois années, il capture l’esprit du pays en le traversant, de Naples à Milan, en passant par la plage d’Ostie dans la banlieue de Rome.
En 1964, il entre dans la célèbre agence Magnum, qu’il ne quittera plus. Quelques années plus tard, il en devient le vice-président Magnum Europe (1978-1979) puis le président à l’international (1992 – 1995). Son travail lors des manifestations de mai 68 est devenu historique : son utilisation de la couleur, rare dans la presse de l’époque, donne une autre dimension à ses clichés. Si tout au long de sa carrière il couvrira des terrains de guerre, il restera choqué par ces manifestations :
« Je n’ai jamais vu une telle violence dans une capitale occidentale comme je l’ai vu à Paris ce mois-là »
Bruno Barbey
Lors de mai 68, il ne s’intéresse pas uniquement aux confrontations mais également aux réunions des étudiants. Il photographie notamment Daniel Cohn-Bendit, figure de la lutte étudiante.
Né au Maroc en 1941, alors que le territoire est sous protectorat français, il reste marqué à vie par ce pays. A partir de 1972, Bruno Barbey photographie régulièrement le pays sous tout ses angles : la campagne et la ville, les moments de culte et les moments de fêtes, la solitude et la solidarité. En 1999, ses photos personnelles du pays sont exposés au Petit Palais à Paris. Ces photos montrent son profond attachement à la photo couleur, qu’il a adoptée avant les manifestations de mai 68. Ses nombreux voyages au Brésil, au Vietnam et encore au Nigeria ne l’empêchent pas de revenir encore et toujours dans le pays qui l’a vu naitre.
Habitué des clichés calmes et délicats, sa couverture de la guerre de Golfe et de l’invasion du Koweït montre une nouvelle facette du photoreporter franco-suisse. Il revient de ce conflit avec des images sombres et chaotiques. Ses photographies des puits de pétrole de Burgan en feu sont les plus marquantes de ce voyage. Après la guerre du Golfe, il suit des réfugiés Kurdes en Irak et en Turquie, peuple qu’il avait déjà rencontré en 1974.
Durant toute sa carrière, Bruno Barbey couvre tous les continents et multiplie les séjours au Brésil, en Pologne, en Italie ou encore en Turquie. Pour l’ensemble de son œuvre, il reçoit l’Ordre National du Mérite et devient membre de l’Académie des Beaux- Arts de l’Institut de France en 2016. Il a publié près de 30 livres et exposent ses photographies à travers le monde
Au sein de l’agence Magnum, il rencontre Steve McCurry, autre figure du photoreportage, connu entre autres pour son portrait de la fille afghane aux yeux verts. Après son décès, ce dernier a rendu un dernier hommage à son ami sur les réseaux sociaux.
En près de 60 ans de carrière, Bruno Barbey laisse un héritage photographique considérable derrière lui.