Benoît Narbonne
A la Paris Games Week (PGW), l’espace réservé aux géants Français Ubisoft est de plusieurs dizaines de mètres carrés pour la présentation de cinq jeux. Dans le même salon, sur une surface de taille similaire, une trentaine de jeux de différents studios indépendants français se partagent l’affiche. Il s’agit de l’espace Games Made In France, dédié à la mise en avant des jeux indépendants français. “Il s’agit d’un événement important pour ces jeux, explique Eva Bahbouch, chef de projet sur le jeu made in France ». « Nous les faisons découvrir au grand public qui n’est pas habitué à ces propositions souvent éloignées des « triple A » (Blockbuster) de l’industrie, que ce soit au niveau des graphisme ou au niveau du style de jeu.”
Des propositions décalées
Les studios qui réalisent les jeux et les éditeurs qui les aident à la production et à la distribution sur les différents supports sont présents parmi les exposants. Un des plus connus en France est Microid, qui présente aujourd’hui cinq jeux, dont l’adaptation des Fourmis, l’œuvre de Bernard Werber. “C’est un studio de jeux vidéo basé à la Rochelle qui est à l’origine de cette adaptation” raconte Sébastien Queveau, un éditeur du jeu. Dans ce jeu, on incarne une fourmi dans la forêt de Fontainebleau qui doit faire face aux attaques d’autres insectes.
Une crise de visibilité
Autre éditeur un peu plus surprenant : Arte. La chaîne de télévision possède depuis 10 ans une section entièrement dédiée à la production de jeux vidéo. “D’abord nous participions en tant que coproducteur, et désormais nous sommes aussi éditeur sur certains titres”, explique Adrien Larouza, membre de la section jeux vidéos de la chaîne. “Ça fait partie des missions de la chaîne de faire vivre la culture européenne et le jeu vidéo est un médium culturel dominant aujourd’hui, c’est normal que l’on y participe”, ajoute-t-il. Pour lui, la crise du jeu vidéo heurte différemment les studios indépendants : “Le secteur en général est en crise, il y a trop d’offres sur le marché. Mais pour les jeux indépendants, c’est d’abord une crise de visibilité”. Pour pallier cela, les éditeurs visent des publics « niches ». “Si l’on propose aux streamers habitués au jeu indépendants, on trouve notre audience”, détaille Adrien Larouza. Dans les jeux proposés par l’éditeur, se trouve Thirty Birds, un jeu dont les graphismes sont entièrement dessinés et peints à la main et dont le scénario s’inspire de conte Persan.
Comme sur le marché du jeu vidéo, ces petits studios vont devoir rivaliser avec les espaces occupés par les grands éditeurs pour attirer le public de la PGW. Ludovic Ampuroux, employé de Plug-in digital, soupire : “Attirer les connaisseurs c’est simple, les autres c’est plus difficile quand Nintendo, Ubisoft et Sony existent”.