Amélie Rugraff
“La France insoumise s’endort le soir en rêvant de nouvelles taxes” a fustigé Gérault Verny, député de l’Union des droites pour la République (UDR), ce mercredi 23 octobre au début de la séance des questions au gouvernement. La semaine dernière en Commission des finances les députés ont ajouté 50 milliards d’euros à la hausse de 20 milliards d’impôts déjà prévue par la loi sur le budget 2025.
La version du texte étudiée en séance publique à l’Assemblée depuis lundi soir est l’initiale, sans les 200 amendements adoptés en Commission la semaine précédente. Le texte largement modifié avait d’ailleurs finalement été rejeté par 29 voix contre 22. “Le texte était devenu insoutenable”, a déploré Michel Barnier, interviewé par le JDD.
“Ils ont décidé de taxer les Français”
Mais cette semaine à l’Assemblée, c’est la même bataille qui divise les députés. “La semaine dernière en Commission des finances, LFI et ses alliés ont décidé d’adopter non pas 20, mais 60 milliards d’impôts”, a déclaré sur un ton accusateur Jean-Didier Berger ce mercredi. “Ils disaient qu’ils allaient taxer les ultra riches et les grosses entreprises. En réalité, ils ont décidé de taxer les Français, tous les Français. Tout. tout le temps”, a-t-il affirmé.
Les propositions de prélèvements fiscaux supplémentaires sont majoritairement soutenues par LFI et le RN. Le gouvernement, ainsi que l’UDR, maintiennent de leur côté qu’il faut éviter ce “matraquage fiscal”, selon les mots de Laurent Saint-Martin, ministre du Budget. Hier à minuit, les députés ont pourtant voté un article 3 bien différent de ce qui était initialement souhaité par le gouvernement. Il prévoit un seuil d’imposition “plancher” de 20% pour les foyers les plus riches, mesure soutenue par Michel Barnier. Mais avec le soutien des oppositions des deux bords, cette mesure a été pérennisée au-delà des trois ans prévues et élargie à davantage de foyers. Sur cette mesure et sur d’autres, RN et gauche s’allient pour mettre en échec le parti gouvernemental.
Bataille fiscale
D’autres projets de hausses des prélèvements fiscaux sont sur la table, par exemple une taxe sur les superprofits, une taxe sur les résidences principales, ou des taxes sur le gaz et l’électricité. Certains amendements sont même soutenus par les députés du “socle commun”. L’élu macroniste David Amiel a ainsi proposé une hausse de l’imposition des héritages, grâce à une hausse du plafond d’exonération pour les donations en ligne directe.
Augmenter la fiscalité, ce n’est pas faire “un carnaval fiscal” mais permettre plus de “justice fiscale”, a défendu ce mercredi Eric Coquerel, député LFI président de la Commission des finances. De leur côté, la droite et les macronistes craignent le “matraquage fiscal”. “Le message que vous envoyez aux Français est très clair : surtout ne réussissez pas ! […] Vous pouvez espérer un pays où la spoliation fiscale règne en maître. Mais, mes chers collègues, ce n’est plus la France que vous allez avoir, c’est un pays ruiné”, haranguait de son côté Mathieu Lefèvre, député Ensemble pour la République ce mardi. La vieille bataille fiscale n’est pas prête de s’apaiser, surtout à l’heure ou le déficit public affole tous les camps politiques.