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A la Paris Games Week, le jeu vidéo s’adapte aux handicaps

Depuis plusieurs années, les organisateurs de la Paris Games Week (PGW) souhaitent rendre leur salon plus inclusif pour les personnes en situation de handicap. Des mesures spécifiques sont mises en place pour mieux accueillir et mieux faire participer les gamers sourds ou en fauteuil roulant. Avec près de 400 millions de joueurs présentant un handicap dans le monde selon Microsoft, ces mesures sont plus que nécessaires.
Valentin et Mattéo assistent à la PGW pour la deuxième foi

Grégoire Mothe

A l’accueil de la Paris Games Week, des bénévoles en sweat-shirt jaune poussin sont en poste. Sur leur dos, un logo qui détourne le “sigle handicap” classique en remplaçant le fauteuil par une manette de console. Leur rôle, guider les personnes en situation de handicap à travers le salon. Jean signe* à toutes vitesses pour orienter un groupe de jeunes personnes sourdes déguisées en leurs personnages de jeux vidéo préférés. Et pour les personnes qui entendent normalement, il faut communiquer avec lui via une ardoise et un feutre : après avoir noté “où se trouvent  les membres de l’association Capgame”, au Velleda, il nous pointe la direction du doigt avec un grand sourire. 

 

Capgame, c’est une association qui accompagne les organisateurs du salon depuis 2019. Son objectif est de faciliter l’accès aux jeux vidéo pour les publics en situation de handicap.  

Pour Jérôme Dupire, son président, ce partenariat est une évidence pour “un salon qui reçoit énormément de public sourd et de personnes en fauteuil roulant”. Le rôle de l’association est multiple : l’accueil du public, mais également l’accompagnement des entreprises et du salon pour configurer les stands et les allées afin d’accueillir des fauteuils par exemple. 

 

Rampe et doublage

 

Le stand de la marque Ubisoft est ainsi équipé d’une grande rampe d’accès pour fauteuils. Et sous l’énorme écran géant qui retransmet en direct des parties de jeux vidéo de la franchise française, un interprète double en direct les commentaires du speaker. David Tisserand est le directeur de l’accessibilité chez Ubisoft. Devant le stand, il explique vouloir : “rendre tous les produits Ubisoft accessibles … et ça commence par le salon. Les personnes sourdes, en fauteuil roulant, doivent pouvoir interagir”. Le doublage en direct rend ainsi intelligible à un public sourd les jeux concours et autres quizz lancés par le speaker.

 

 

Le doublage en direct d’une partie de Prince of Persia sur le stand Ubisof

A quelques mètres de la scène, Mattéo apprécie le spectacle. Il accompagne son fils adolescent Valentin qui se déplace en fauteuil roulant. Venus de Bordeaux pour assister au salon pour la deuxième fois, ils se réjouissent d’une seule voix : “tout est accessible !”“Et les agents sont formés à la fouille”, apprécie Valentin. Seul bémol pour le jeune homme, son handicap l’empêche de manier des manette de jeux : “tous les stands ne sont pas équipés d’un clavier et d’une souris”. Même si une partie des bornes d’arcades est adaptée (écrans inclinables, dégagements au niveau des jambes, longueur des fils rallongée), “il peut parfois être difficile d’accéder à tous les stands”, convient Florine Archeambeaud, interprète qui travaille avec l’association Capgame sur le salon. 

LExpérience complète

 

Le chemin de l’accessibilité ne s’arrête pas aux aménagements matériels. La dimension virtuelle doit aussi être prise en compte. Pour David Tisserand, au-delà de la partie événementielle, ce sont les jeux eux-mêmes qui doivent s’adapter. “L’expérience utilisateur doit être complète pour tout le monde. Pour les personnes sourdes, on travaille par exemple sur des astuces pour remplacer les sons par des indications visuelles localisées sur l’écran. Sinon, ces personnes n’ont pas le même plaisir à jouer”. Un travail doit également être réalisé sur la communication ou les interfaces sur les sites Internet. Avec 400 millions de joueurs atteints de handicap dans le monde selon Microsoft, soit 15% des joueurs, le public à toucher est énorme.

 

Retour dans les allées du salon. On recroise les jeunes sourds rencontrés à l’accueil, en grande discussion avec un des interprètes de Capgame. Jérôme Dupire apprécie et glisse dans un sourire : “on repère de plus en plus de sourds qui viennent en groupe”. Et Florine Archambeaud complète, non sans fierté  “grâce à notre travail, la Paris Games Week est devenu un véritable rendez-vous pour les personnes en situation de handicap”.

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